A corps et à cris, être psychanalyste avec les tout-petits

de Caroline Eliacheff, Éditions Odile Jacob, 2000

Dans ce livre, l’auteure présente son travail à la pouponnière d’Antony, lieu d’accueil d’enfants, de la naissance à trois ans, confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance (pouponnière où elle a également assisté durant deux ans aux consultations dirigées par Dolto). Elle commence par une description de ses modalités de travail (notamment des séances ouvertes à d’autres analystes observateurs – sans pour autant en théoriser l’intérêt -), puis décline une douzaine de cas cliniques. Chaque cas illustre l’activité psychique du tout-petit, ses façons de décoder et de vivre son environnement. Bien que dépourvu de parole, le bébé a son langage et c’est ce langage du corps, des comportements, qu’observe et écoute l’analyste. La souffrance alors reçue, décryptée, puis mise en mots, permet une forme d’apaisement, le travail de l’analyste consistant essentiellement à remplir la fonction alpha décrite par Bion. Caroline Eliacheff fait donc état de la façon dont elle décode les voies d’expression de la souffrance de l’enfant : en partant des images qui lui viennent, de ses ressentis contre-transférentiels. Cela fait de l’ouvrage un texte parfois touchant. Cependant on pourra déplorer une écriture qui laisse imaginer une pratique une peu simple, voire simpliste, jalonnée d’interprétations rapides. Les appuis théoriques sont à peine évoqués… mais il s’agit aussi d’un texte destiné au grand public. La lecture en est du coup rendue très aisée, et peut, par ailleurs, avoir le mérite d’aider les personnes qui ont vécu des situations semblables à celles des cas évoqués à contacter leur propre enfant intérieur.

Adeline Ducasse