La relation parent-nourrisson

de Donald W. Winnicott, Petite Bibliothèque Payot, 2011

L’ouvrage rassemble trois conférences : « Le développement affectif primaire » (1945), « Psychose et soins maternels » (1952) et « La théorie de la relation parent-nourrisson » (1961).

Dans « Le développement affectif primaire » Winnicott décrit les trois processus fondamentaux du développement primaire : intégration, personnalisation et réalisation. Ces processus sont facilités, simplifiés quand ils se déroulent au sein d’une relation à une seule personne, le plus souvent la mère qui permet d’intégrer de la façon la plus adaptée possible « les soins infantiles et les expériences instinctuelles aiguës ». L’auteur montre comment la dépersonnalisation, la dissociation, la déréalisation sont à relier à des failles du développement affectif primaire.

« Psychose et soins maternels » réaffirme que la santé de l’adulte s’édifie aux stades les plus précoces de la petite enfance. Dans cet article, Winnicott semble élargir la relation mère-enfant : il parle de la structure « individu-environnement », et décortique à nouveau les mécanismes par lesquels se construisent l’intégration et la personnalisation.

Dans le dernier article, « La théorie de la relation parent-nourrisson », Winnicott développe en détail et très concrètement le concept de maintien (holding), ses caractéristiques et ses enjeux. Sa théorie expose la façon dont s’articulent les soins maternels et l’évolution de l’enfant au cours de ce stade. Une traversée satisfaisante de ce dernier se traduit par l’accès du nourrisson à un état d’unité : la psyché s’installe dans le soma, le self central peut être, offrant à l’individu un sentiment de continuité d’existence. A contrario, si les soins maternels ne sont pas suffisamment bons, l’enfant ne parvient pas à exister vraiment, il n’a pas de sentiment de continuité, il est contraint de développer un faux-self.

Le fil conducteur des trois conférences est la notion de soin : « un enfant sans soin, ça n’existe pas ». Ces soins qui soutiennent le moi de l’enfant, qui lui donnent confiance en la fiabilité de son environnement, en son existence propre, ne sont autres que les soins que l’analyste recrée lorsqu’ils ont fait défaut à la personne qui vient en consultation.

Que nous soyons parent ou psychanalyste, ces conférences nous permettent de mesurer toute l’importance de ces soins… et celle d’un accompagnement « suffisamment bon ».

Adeline Ducasse